Paysages désertiques


Î
les éternelles

« Ici la terre prend tout son temps
pour naître
Elle sème dans le miroir du ciel
ses premiers rêves de langues, d’arbres
et de visages humains
Ô îles, s’écria Sindbad
promettez-moi une genèse douce
un autre art de naître
Écoutez
Semez
Caressez
Rêvez pour toute la terre
et vous mériterez le nom que je vous donne:
Îles éternelles "

Abdellatif Laâbi

Quand une belle altitude offre de beaux points de vue...

« Les fabricants d’oasis
ont fabriqué d’abord le désert
ce ne sont pas des îles
c’est l’océan
c’est-à-dire qu’il n’y a
pas d’autre choix que nager
ou
nager
contre à l’encontre
du courant
en haute mer nous saurons
trouver
notre propre chemin
ici nous sommes des étrangers . »


Extrait de « A quí somos extranjeros », Federico J. Silva 1995


Cultures en terrasse sur terre volcanique, protégées par des murets

"Parce que j’ai voulu me mettre debout
Et le vent ne me laissait pas.
Il me poussait sans pitié.
Mais j’ai voulu me mettre debout.
Ensuite, transparent de tout,
Moi, sur une mer sans cristal,
Sans où, sans quand, sans rien.
(Les cieux déshabités
Et les mers sans fenêtres.)
Ils me clouèrent sans pitié :
les filles par le chapeau
Et les garçons par le revers de la veste,
Avec des épingles en acier.
La carte de mes insomnies
— sans nord, sans sud — découpée
par les franges vertes du sommeil."

Extrait du « Poème de la langouste », Domingo López Torres, Lo imprevisto, 1936



La côte au Nord de Lanzarote

Eté

La mer
à la robe bruissante de bleu
pose l’émeraude de son regard
sur le carrosse d’or éphémère
qui nous attend
passants lumineux
pour un voyage insouciant
dans la saison
où la royauté
privilège du mystère
est maintenant une couronne solaire
posée
sur nos vies humbles

Kamal Zerdoumi

Le coucher du soleil

Si j’ose comparer le déclin de ma vie
A ton coucher sublime, ô Soleil ! je t’envie.
Ta gloire peut sombrer, le retour en est sûr :
Elle renaît immense avec l’immense azur.
De ton sanglant linceul tout le ciel se colore,
Et le regard funèbre où luit ton dernier feu,
Ce regard sombre et doux, dont tu couves encore
Le lys que ta ferveur a fait naguère éclore,
Est triste infiniment, mais n’est pas un adieu.

René-François Sully Prudhomme, Epaves

Quand le soleil se couche ...